MÉDIAS
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Cité Convivial·e

Cité Convivial·e

Pour sa seconde année de préfiguration en 2022, le festival Bellastock s’est donné pour objectif “d’outiller” le CAAPP. Après avoir abordé la question du rapport au vivant au moment de s’implanter (édition 2021), Bellastock a exploré la notion d’outil, notamment à travers les questionnements suivants : quels rapports entretenons-nous avec lui ? comment outille-t-on un lieu ? Le lieu est-il lui aussi outil ? Ces questionnements vont nous amener à aborder la notion de convivialité. La « convivialité », au sens d’Ivan Illich, est l’outil d’une réflexion critique sur une société d’où les citoyens sont absents. Cette réflexion s’est concrétisée par une série d’actions de janvier à juillet 2022, menées grâce à de nombreuses collaborations avec des acteurs publics, privés et universitaires.

La définition d’une thématique

Méthode

Rélexion avec les sociétaires de la coopérative bellastock

D’abord avec ses adhérents lorsqu’elle était une association, puis désormais avec ses sociétaires depuis qu’elle est coopérative d’intérêt collectif, Bellastock tient à définir la thématique de son festival de manière collective. Une première phase de réflexion est menée en une séance de 3 heures avec l’ensemble des sociétaires, pour définir la thématique du festival qui sera traitée de différentes manières tout au long de l’année, au travers de différentes actions décrites ci-après. Cette année, les sociétaires avaient pour point de départ la notion “d’outiller”, deuxième phase de la préfiguration du CAAPP. Les échanges se nourrissent de l’expérience et des horizons des sociétaires salariés et non-salariés de Bellastock.

Réflexion avec un comité d’experts scientifiques et éditoriaux

Après cette première phase, une sélection d’experts scientifiques et éditoriaux sont invités à échanger sur une seconde séance de 3 heures pour imaginer les actions à mener et les partenariats à envisager pour développer cette thématique. Cette année, ont participé à cet échange Bellastock, la revue Topophile, les Grands Ateliers, Yes We Camp, Temaprod, La Preuve par 7 et Amàco.

Une thématique pour outiller le CAAPP, et porteuse pour le grand public et les professionnels

L’enjeu est de travailler autour d’une thématique qui serve à la fois la préfiguration du CAAPP et la phase concernée (“S’outiller” en 2022), et qui soit d’actualité et porteuse de sens pour le grand public et les professionnels de la construction et de l’aménagement. Cette réflexion pose des enjeux de communication complexes, et impose un niveau de réflexion soutenu et un discours cohérent, c’est aussi ce qui garantit la crédibilité du festival Bellastock et la structure qui le porte.

définition

de l’outil à la convivialité, selon ivan illich

Si la notion d’outil pouvait être une thématique en elle-même, son rapport trop terre-à-terre avec le monde de la construction nous a mené à pousser la réflexion vers une notion plus large et qui mérite d’être mise en avant : la convivialité. Nous sommes partis des réflexions d’Ivan Illich autour de la notion d’outil convivial selon lesquels l’outil doit être un vecteur de convivialité, c’est-à-dire qu’il permet à l’humain de s’autonomiser et de faire communauté. Cette réflexion pose également la limite de l’outil qui limite le champ d’action de l’humain et le rend dépendant d’un système.

Définir une thématique large telle que le vivant (Festival Bellastock 2021) ou la convivialité (Festival Bellastock 2022) laisse un champ des possibles ouvert à toutes les actions qui peuvent être menées de janvier à juillet, et donc à l’implication d’un grand nombre de partenaires pour proposer des contenus qualitatifs, inédits de par leur transdisciplinarité, et accessibles à tous. Le Festival Bellastock 2022 est dédié à la notion de convivialité dans le monde de la construction et de l’aménagement, et s’intitule Cité Convivial·e (où l’écriture inclusive ramène à la fois la notion d’inclusivité, et rend lisible une phrase plus familière “si t’es convivial”, comprendre “alors participe au festival Bellastock”)

Une phase réflexive

Un cycle de 3 tables rondes dans un etablissement d’enseignement supérieur à paris

L’ENSA Paris-Belleville est le partenaire institutionnel historique de Bellastock, qui l’a vu naître et grandir jusqu’à son départ des murs de l’école en 2018. Pour maintenir un lien fort avec l’établissement, Bellastock continue d’organiser chaque année au mois de mars un cycle de 3 tables rondes dédiées à la thématique du festival. Pour Cité Convivial·e, Bellastock a imaginé “S’outiller sans souiller ?” pour questionner les limites de l’outil en général, et à quel moment l’outil devient convivial.

S’OUTILLER SANS SOUILLER #1 : Des outils pour transmettre / Transmettre des outils

Pour cette soirée inaugurale de « S ‘outiller sans souiller », nous avons réfléchi ensemble sur les notions de savoirs et savoir-faire : sont-ils les outils premiers ? De quels outils avons-nous besoin pour les transmettre ? Comment et pourquoi les transmettre ? Comment former sans déformer ? Doit-on accompagner ou autonomiser ? Quelle place pour la pédagogie expérientielle ? Pour échanger autour de ces questions, voici le programme de ce tribunal réflexif que nous avons expérimenté cette année :

Plaidoyer assuré par Patrice Doat, Architecte, Professeur à l’École d’architecture de Grenoble, Cofondateur du laboratoire CRAterre

Témoins
L’école des Tritons, ZAD de Notre-Dame-des-Landes
Clément Le Bras, fondateur de Lilo
Elsa Buet, DU Espaces Communs (Yes We Camp)

S’OUTILLER SANS SOUILLER #2 : Façonner / Être façonné

Pour cette deuxième conférence du cycle « S ‘outiller sans souiller », nous avons réfléchi ensemble sur le rapport que nous entretenons avec nos outils : Qu’est-ce qu’un outil ? Comment penser nos rapports à la technique et par extension aux institutions qui régissent la vie collective ? La technique mène-t-elle à l’émancipation ou à l’aliénation ? Comment les outils façonnent nos comportements et notre vision du monde ? Comment instrumentalisons-nous le monde et ses ressources ? À l’âge des systèmes, comment aborder la notion de chaîne d’outils ? Pour échanger autour de ces questions, voici le programme de ce tribunal réflexif que nous avons expérimenté cette année :

Plaidoyer assuré par Thierry Paquot, Philosophe, professeur émérite à l’Institut d’urbanisme de Paris

Témoins
Julien Lecarme, Responsable du service des Instituts de métiers chez Les Compagnons du Devoir et du Tour de France
Christine Leconte, Architecte, urbaniste, Présidente du Conseil National de l’Ordre des Architectes
Daniel Cérézuelle, philosophe et sociologue, chercheur dans les domaines de la philosophie de la technique, et l’imaginaire technicien.

S’OUTILLER SANS SOUILLER #3 : Ressourcer les lieux / Les lieux comme ressources

Pour cette troisième conférence du cycle « S ‘outiller sans souiller », nous avons réfléchi ensemble sur les rapports entre les lieux et les ressources : les lieux sont-ils des ressources ? Doit-on parler de topophilie ? Comment ressourcer les lieux ? Quels outils pour faire lieu ? Comment le lieu peut-il devenir un outil de projet ? Appliquer des outils, ou faire émerger un outil ? Quelle est la spécificité — ou l’universalité — de(s) outil(s) ? Quelle adaptabilité et quelle temporalité pour nos outils ? Pour échanger autour de ces questions, voici le programme de ce tribunal réflexif que nous avosn expérimenté cette année :

Plaidoyer assuré par Sophie Ricard, Architecte, urbaniste, promotrice de la permanence architecturale

Témoins
Philippe Simay, Docteur en philosophie, de la ville et de l’architecture, des sciences humaines et sociales, maître de conférence à l’ENSA de Paris-Belleville
Medhy Zeghouf, Adjoint à la culture de la Ville d’Evry-Courcouronnes, à la culture, au patrimoine, à l’enseignement supérieur et à la recherche
Julie Simon, Yes We Camp, structure spécialisée dans l’urbanisme de transition et l’occupation temporaire.

Topostock : la diffusion de textes liés à la thématique par une revue spécialisée

Après plusieurs années de collaboration, la revue Topophile “l’amie des lieux, la revue des espaces heureux” et Bellastock ont initié un partenariat sur le long terme autour du festival. Soucieux de pouvoir proposer une grande diversité de contenus et de supports au plus grand nombre, la revue fondée par Martin Paquot et Raphaël Pauschitz a diffusé plusieurs textes sur sa revue en ligne d’avril à juin, relayées par leur nombreuses newsletters. Ces mêmes textes ont été mis en page dans une micro-revue Topostock papier offerte à plus de 1000 participants et visiteurs du festival en juillet 2022.

Une phase pratique

Un appel à projet pour les jeunes concepteurs-constructeurs

L’appel à projet «salon de chantier»

En 2021, Bellastock ajoute à sa programmation annuelle un appel à projet mené avec les Grands Ateliers. Cette collaboration a donné lieu à un concours qui va plus loin que les idées, le principe est simple : les participants proposent un projet sur la base d’un cahier des charges étroitement lié à la thématique du festival et aux besoins du lieu où il est organisé.

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Le prototypage

Les lauréats remportent une prime, et la possibilité de prototyper leur projet aux Grands Ateliers où ils bénéficient d’un lieu-outil hors du commun et d’un encadrement par des experts de la construction à l’échelle 1.

La production d’outils pour le festival

Il ne s’agit pas uniquement de donner l’opportunité à des concepteurs de tester la faisabilité du projet, mais bien d’arriver à une solution qui soit reproductible 10, 20 ou 30 fois pour être utilisée la même année au festival et pour les éditions suivantes. En 2021, c’est le collectif En Dehors Des Clous qui avait imaginé “La tente 2 heures”, qui permet d’abriter 200 participants dans des tentes montables en deux heures, construites avec des matériaux de réemploi, et ayant un très faible impact au sol. Les 20 unités ont été prototypées et produites aux Grands Ateliers, dans la région où est implantée le collectif. En 2022, les collectifs Volatile et Lokal ont imaginé, prototypé et construit 20 unités d’un salon de chantier : une construction légère, démontable, qui sert à la fois d’établi, de couchette, d’écran de projection, ou encore de table à manger. Le prototypage a été mené aux Grands Ateliers, et la production des 20 unités a été faite au CAAPP à Evry-Courcouronnes en 10 jours à 8 personnes, démontrant la capacité du CAAPP à déjà produire de l’architecture.

Un chantier pionnier mené avec des collectifs d’architectes et de designers

Les constructions éphémères

Comme chaque année depuis la création du festival, les deux semaines précédant le festival sont dédiées à rendre le site d’implantation accueillant pour les 400 participants attendus, mais aussi pour les 2000 visiteurs du samedi. S’inscrivant dans la préfiguration du CAAPP, il s’agissait du deuxième festival organisé sur le site, et de la troisième année d’occupation. Les sanitaires, douche et cuisine avaient été construits à l’été 2020, le Parc avait été aménagé lors du festival Cité Vivant en 2021, 2022 a permis de mettre en place une signalétique nécessaire au regard de l’échelle du site. Conçue et mise en œuvre par Bellastock et Lokal, elle a permis d’évaluer les besoins en signalétique du CAAPP.

des équipements réutilisables pour structurer le festival

Si le festival Bellastock est implanté à Evry-Courcouronnes depuis 2018 et sur le site du CAAPP depuis 2020, il est historiquement nomade. Profitant de se sa sédentarisation, de l’énergie a pu être mise dans la fabrication d’installations événementielles à la fois scénographiques, fonctionnelles, démontables et réutilisables sur n’importe quel site. C’est l’Atelier Craft qui a imaginé et mis en œuvre une scène de spectacle, des banque d’accueil pour le public, des kiosques de service de repas pour les participants, et un bar à l’échelle de la fréquentation de l’événement. Ces éléments pourront être réutilisés pour le dernier festival de préfiguration du CAAPP en 2023.

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Un festival
de 4 jours

La thématique de la convivialité a été abordée toute l’année au travers de diverses actions décrites précédemment, avec comme point d’orgue le festival Bellastock au mois de juillet. Du 14 au 17 juillet 2022, ce sont plus de 200 participants qui ont pendant 4 jours occupé le site du CAAPP à Évry-Courcouronnes, avant d’être rejoints par quelque 2000 visiteurs le temps de l’ouverture au public le samedi 16 juillet.

La ville éphémère : un grand chantier pédagogique pour les participant·e·s inscrit·e·s

construire et habiter une ville éphémère conviviale

Les participants arrivés jeudi 14 juillet sur site avaient pour mission d’expérimenter la ville conviviale. En repartant des CAAPP—BANES (tentes construites en 2021) toutes uniformes, ils ont en équipe de 5 ou de 10 créé des lieux de vie conviviaux avec comme seules ressources des tasseaux de bois de réemploi de la SNCF, des bottes de pailles du festival We Love Green, des Sangles à cliquets issues du festival Cime City ( festival bellastock 2018). Salon de thé à ciel ouvert, lieu de méditation, scène ouverte, agora, bar dansant, aire de repos, lieux d’exposition, aire de jeux pour enfants… Les participants ont su en 2 jours seulement se créer un habitat confortable et convivial, tout en proposant des lieux éphémères qu’ils ont pu investir et y accueillir les visiteurs le samedi 16 juillet, grâce à l’encadrement par des collectifs d’architectes et de paysagistes spécialisés dans les chantiers école. Chaque année, le festival met en avant des sujet essentiels :

— La capacité des participants à imaginer des lieux de vie qualitatifs, et à les réaliser.
— La nécessité d’un espace d’expression libre à l’échelle un pour des concepteurs en formations et jeunes professionnels
— Le lien étroit qui existe entre expérimentation spatiale et activité sociale
— L’apport essentiel de la pédagogie expérientielle.

Une programmation pour allier la théorie à la pratique

Puisqu’il s’agit d’un festival et que Bellastock a toujours voulu conserver la qualité festive de cet événement, il a été proposé aux participants une programmation culturelle exceptionnellement riche cette année, toujours en lien avec la thématique de la convivialité. Nous avons souhaité proposer un juste dosage entre moments festifs, et moments d’échange et d’apprentissage :

  • Conférence sur le réemploi par Bellastock
  • Projection-débat du film “Devenir architecte” de Garance Paillasson
  • Guinguette dansante sur les berges de Seine (Péniche Adélaïde et la compagnie les B-Ateliers)
  • Karaoké géant (collectif les Hydropathes)
  • Ciné-concert (Péniche Adélaïde et la compagnie les B-Ateliers)
  • Concerts (collectif les Hydropathes)
  • Hammam en caravane (association Superfluides)

ouverture au public

ouverture du festival bellastock, et du caapp aux habitant·e·s du territoire

L’ouverture au public de la ville éphémère et du CAAPP est un enjeu crucial pour la préfiguration du lieu sur son territoire. Il est l’occasion d’ouvrir aux habitants un lieu longtemps resté fermé, et d’en montrer le potentiel avec un événement majeur et original. Comme chaque année, Bellastock a su réunir son réseau au sein du festival, que ce soient des collaborateurs, ou des visiteurs. Il s‘agit essentiellement de professionnels dans le domaine du bâtiment et de l’aménagement, ainsi que de l’enseignement. Une partie plus grand public provient du monde de la fête responsable dans lequel Bellastock s’inscrit depuis sa création. Ces visites permettent au lieu de rayonner auprès de publics qui sont des utilisateurs potentiels du CAAPP à moyen terme.

Une programmation culturelle élargie

Habituellement composé d’un grand chantier collectif de la ville éphémère, puis d’une programmation culturelle uniquement le samedi après-midi, Bellastock a énormément fait évoluer sa programmation culturelle dès le jeudi et le vendredi à destination des participants inscrits, mais aussi du grand public sur l’espace public (berges de Seine) en y installant la péniche Adélaïde et des points de bar-restauration. Les installations événementielles imaginées par Atelier Craft pour le festival Bellastock ont également permis d’augmenter la proposition faite au public, et cela s’est ressenti dans la fréquentation du festival. Nous prévoyons pour 2023 de continuer sur cette lancée, en développant notamment les interventions artistiques et l’intégration des habitants dans la programmation du festival.

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